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Partenariat Sodiaal-Synutra Les producteurs laitiers ont-ils encore les moyens de maîtriser les outils de transformation ?

L’annonce par Sodiaal d’un partenariat avec le groupe chinois Synutra pour construire deux tours de séchage fait réagir les producteurs. Avec un projet financé à 90 % par l’industriel asiatique, la maîtrise des outils de transformation par la coopérative et le pouvoir de négociation des producteurs posent question.

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En signant la construction de deux tours de séchage à Carhaix avec le chinois Synutra, Sodiaal assurera
à ses producteurs un débouché pérenne. Mais la coopérative n'aura pas la maîtrise de cet outil de transformation.
(© Terre-net Média)

Sodiaal a annoncé lundi 17 septembre la signature, via sa filiale de production de lactosérum Eurosérum, d’un partenariat avec Synutra, numéro trois chinois des produits infantiles, pour la construction de deux tours de séchage – l’une pour le lait, l’autre pour le lactosérum, à Carhaix dans le Finistère.

Pour la Fnpl, ce partenariat montre que le lait français a de réels découchés. L’initiative se démarque ainsi, selon le syndicat, du faible volontarisme des industriels laitiers à trouver des débouchés pour le lait français. « Les débouchés existent et c’est aux transformateurs français de prendre leurs responsabilités pour les trouver ! » expliquait ainsi Thierry Roquefeuil, le président de la branche laitière de la Fnsea, lors de sa conférence de presse de rentrée mercredi 19 septembre 2012.

Visionnez le commentaire de Philippe Mangin, président de Coop de France en cliquant sur cette vidéo :

https://www.dailymotion.com/video/

Pour Philippe Mangin, le président de Coop de France, « il n’y a pas qu’une seule recette ». « Le choix de Sodiaal correspond à une demande bien spécifique et n’est sans doute pas reproductible, a-t-il commenté à la sortie de son entretien, mardi 18 septembre, avec Arnaud Montebourg, le ministre du redressement productif. En filière laitière notamment, nous avons beaucoup à entreprendre pour faire des champions à forte valeur ajoutée. »

Un contrat, deux enjeux

Toutefois, avant de renforcer un peu plus la place de Sodiaal sur le marché laitier européen, ce partenariat franco-chinois relève d’abord de la poursuite de la restructuration d’Entremont, racheté par la première coopérative laitière française en 2010. 

A l’époque, Sodiaal s’était donné jusqu’en juin 2012 pour reclasser tous les salariés de l’usine d’affinage Entremont de Carhaix condamnée à la fermeture, rapporte le site internet de Lsa. Un possible partenariat avec l’industriel chinois était déjà à l’étude début 2011.

« Dans le secteur laitier, d’autres alliances intra-européennes et interrégionales sont à imaginer. »

Philippe Mangin, président de Coop de France

A l’enjeu de l’emploi s’ajoute aussi celui de la nécessité de mieux valoriser le lait collecté chez les adhérents. Le contrat prévoit ainsi la livraison annuelle de 280 millions de litres de lait et de 30.000 tonnes de lactosérum à l’industriel chinois qui entend ainsi sécuriser ses approvisionnements. Les producteurs bénéficieront ainsi d’un débouché régulier et pérenne.

 

Quid du pouvoir de négociation des producteurs ?

Reste que ce type de contrat illustre également la fragilité économique de nos coopératives laitières. Car le projet sera essentiellement financé, non pas par Sodiaal, mais par l’industriel chinois. Sur les 100 millions nécessaires à l’investissement, ce dernier injectera 90 millions.

La coopérative, via Eurosérum, apportera les 10 millions restants pour financer des équipements de déminéralisation du lactosérum. Autrement dit, Sodiaal n’aura pas la maîtrise de ce nouvel outil de transformation.

Et si les producteurs peuvent être rassurés quant à la pérennisation d’un débouché important, ils peuvent légitimement s’interroger sur leur pouvoir de négociation face à une entreprise chinoise assumant 90 % de l’investissement, qui pourra facilement imposer ses décisions, non seulement en termes de volumes mais aussi de prix.

Tout en se gardant d’évoquer un tel déséquilibre des rapports de force, Philippe Mangin, le président de Coop de France, estime que ce partenariat « qui répond à une demande précise, n’est pas forcément transposable ailleurs. » Avant d’ajouter : « Dans le secteur laitier, d’autres alliances intra-européennes et interrégionales sont à imaginer. »

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